Les six Sonates pour violoncelle de Vivaldi éditées en 1741 à Paris chez Le Clerc le Cadet surent séduire, depuis l’ aube de l’ enregistrement, bien des interprètes. Les vivaldiens d’hier célébraient Gendron, Janigro (mon préféré!) ou Tortelier. Nostalgie balayée depuis que Christophe Coin imposa sa vision rêveuse, humble et réfléchie à la fois, poétique toujours, que le continuo inventif d’ Hogwood, Zweistra et Finucane égayait un peu. Ni Bylsma, dans deux lectures inabouties, ni Cocset, divinement soutenu par Les Basses Réunies mais à la ligne soliste plus heurtée que celle de Coin, ne lui ravirent nos préférences.
Marco Ceccato s’ y essaie à son tour, et réussit un petit miracle. Violoncelliste de l’ensemble Gli Incogniti d’ Amandine Beyer, à bonne école donc, il suit non pas l’édition de Paris, mais le manuscrit vénitien qui l’inspira, version primitive parfois savoureuse (Largo de la RV46 par exemple), rétablissant les répétitions et formules voulues par Vivaldi mais expurgées de la publication finale. L’ archet humble et doux préserve du pathos excessif. La profondeur, l’ élégance et la dignité de Ceccato évoquent Coin, avec en plus un goût bien à lui pour chanter les danses, enlevées dans une rythmique naturelle entraînante, et quasi fredonnées.
Savourez sa diction nette et sans emphase dans la Gigue de la RV42: un modèle. Comme la poésie de l’accompagnement, plus actif que celui de Hogwood, encore plus raffiné dans ses timbres que celui de Cocset: Révérences à la claveciniste Anna Fontana, dont le continuo sonne plein sans la moindre reudesse, avec parfois une douceur magnifique.
Le temps suspendu de la Sarabande de la sol mineur touche à la magie.
Roger-Claude Travers